UGNY LE GAY

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Histoire d'Ugny le Gay

O1. Préface …

C’est un devoir aujourd’hui plus que jamais d’aimer et de faire aimer notre petite patrie, parcelle vivace de la grande. Une petite histoire dUgny le Gay avait été écrite par Monsieur Médéric LECOMTE vers la fin du siècle dernier, nous a-t-on dit, mais qui n’a pas été publiée. Tel est le sort rérait-il, quelques épisodes intéressants de l’histoire du village, des traits de mœurs et des coutumes locales que nous aurions pris plaisir à reproduire dans notre petit historique sur Ugny le Gay.
Nous attirons l’attention des historiens sur la valeur historique ou géographique des lieux-dits, dont la philologie essaie d’expliquer les dominations si variées, si altérées quant à leur orthographe et si incertaines quant à leur origine. En terminant cette préface, nous nous faisons un devoir d’exprimer notre gratitude aux personnes âgées qui ont bien voulu nous aider en témoignant leurs souvenirs.

O1. Situation topographique et géologie …

Ugny le Gay est un village de l’ancien Noyonnais. Bâti sur des terrains ondulés à 75 mètres d’altitude environ, il culmine à 167 mètres sur l’extrémité sud de la commune, au lieu-dit du bois des pauvres…
Il se situe à Nord-Ouest de Chauny, à 2,5 km au sud de la Neuville en Beine, à 3,5 km à l’Ouest de Villequier Aumont, à 4 km à l’Est de Guivry, à 132 km au Nord-est de Paris…
Autrefois UGNY LE GAY a fait partie:
_de la Généralité d’AMIENS, au début du XVI ème siècle.
_de l’intendance de SOISSONS, depuis novembre 1595.
_du diocèse de NOYON.
_du gouvernement général de l’ILE DE FRANCE, dès le XVIème siècle.
_du canton de GENLIS en février 1790.
_du district de CHAUNY, le 18 février 1790.
_de l’arrondissement de Laon, le 22 août 1795.
_du diocèse de SOISSONS, le 17 février 1800.
_de l’archevêché de REIMS, le 15 juillet 1801.
_et enfin du canton de CHAUNY, le 25 septembre 1801.
Le territoire d’UGNY LE GAY est borné par celui des communes de la NEUVILLE EN BEINE au Nord, de VILLEQUIER-AUMONT à l’Est, de CAUMONT au Sud, de COMMENCHON au Sud Ouest, de GUIVRY à l’Ouest, et de BEAUMONT EN BEINE par une pointe au Nord Ouest. Autrefois, UGNY LE GAY était sillonné par les voies de communication suivantes :
_Le chemin de grande communication : D35 de VOUEL à GUISCARD appelé Chemin de GUISCARD.
_Les chemins d’intérêt commun conduisant à CHAUNY, à la NEUVILLE EN BEINE et à COMMENCHON.
_Le chemin de CAMPIGNY menant de la ferme de ce nom au Mont-Halot.
_Le chemin d’UGNY reliant le village à GUYENCOURT.
_La grande laye, autrefois la voie des monts : chemin forestier qui suit la crête des collines boisées au Sud Ouest d’UGNY LE GAY, et qui va jusqu’au Mont Saint Siméon à Noyon.
_Le chemin de GUIVRY à UGNY.
Les chemins :
_du Bois Venet à Commenchon,
_de BEAUMONT au Bois Venet,
_du Bois planté à UGNY au Nord Ouest,
_du Mont Halot à GUISCARD,
_du Bois Venet à UGNY,
_du chemin de CAMPIGNY vers GENLIS.
_Le chemin des BEINES, ou des PETITES BEINES ou encore VIDANGES*** DES PETITES BEINES en bordure de GUIVRY.

***Vidange : action de vider des coupes et d’en retirer le bois abattu.

_Le chemin de la carrière à la limite de COMMENCHON.
_Le chemin du Moulin d’UGNY, vers le Sud à la route de HAM.
_La route de HAM à CHAUNY, traversant la partie Nord Est du territoire.
_Le chemin ou la Rue de l’Eglise, à la limite de la NEUVILLE EN BEINE, à droite de la route de HAM.
_La rue de la GUERRITE, prolongeant la rue de l’Eglise.
_La rue de Tour de Ville, au Nord du village.
_La rue Neuve, à l’Est d’UGNY.
_La rue d’Enhaut, au Sud du village.
_Le chemin de la Croisette qui part du village à la route de HAM.
_La sente de Watompré, au Sud Ouest de la ferme de ce nom.
_Le chemin du Bois du Roi, à la limite de Guivry.

                       Le pittoresque du paysage, l’agrément du décor, la tonalité chaude et harmonieuse des collines couvertes de bois pleins d’ombre et de fraîcheur ou de terres labourables, donnent au village un aspect des plus séduisants et des plus reposants. Des ruisseaux, dont on suit le cours marqué de place en place par des rideaux de saules ou de peupliers, roulent des eaux fraîches et transparentes à travers des pâturages ou des champs cultivés.
Le village possède une église ancienne mais sans caractère, meurtrie pendant la grande guerre. Elle a été restaurée depuis et elle rappelle par deux plaques placées à l’intérieur, l’héroïsme des enfants du pays et des cuirassiers tombés là glorieusement pour la défense de la Patrie.
Si l’exploration des documents nous permet de retracer en partie, l’histoire de ce village, de faire revivre les anciens monuments, reflets des âmes, témoins éloquents du labeur et des idées de nos aïeux, évoquons ce que les générations qui nous ont précédé ont pu contempler, comme nous, ces choses de toujours.
La forme harmonieuse des collines, le murmure des fontaines, des champs pleins de verdure, la pousse des feuilles neuves, les grâces forestières, les fleurs du printemps, goûtons là tout ce qui en fait son charme, et qui nourrit notre attirance pour cette petite patrie.
Etudions ce que le labeur patient des siècles y avait édifié et apprenons l’histoire du passé pour mieux connaître le présent qui transforme la beauté du pays.
Le sol de la commune est formé de terrains glauconieux dans le fond des vallons, à l’Est et au Nord, et de sables et d’argiles plastiques dans les autres parties. Les terrains sont tertiaires de la période éocène. Ils sont moins épais, dans leur ensemble, que ceux des âges précédents. Des roches assez variées, calcaire, sable, grès, argile, et des conglomérats constituent la masse sédimentaire.
A cette époque lointaine, l’évolution animale marque le perfectionnement des oiseaux, mais le caractère dominant de la période éocène reste le développement des mammifères. De nombreux ossements de leurs descendants ont été retrouvé au début de l’ère quaternaire dans le pays Chaunois.

O1. Historique …

le territoire d’UGNY LE GAY était jadis couvert de futaies de l’antique forêt de BEINE et ne présentait que des territoires incultes appelés baurris et riez. Des défrichements entrepris, on ne sait à quelle époque mais vraisemblablement sous la domination romaine, furent continués par les moines de CUISSY et de SAINT ELOI FONTAINE, surtout au IIIième siècle.
Après avoir été occupé par les romains, le pays, vers l’an 290, fut ravagé par les francs. Les habitants furent massacrés ou dispersés, les plus heureux se réfugièrent dans les bois.
L’hiver de 742 fut très rigoureux. Le froid dura depuis le 19 janvier jusqu’au 6 avril, celui de 764 fut encore d’une rigueur excessive, ainsi que ceux des années 822, 860 et 874. De 1029 à 1032, une terrible famine dévora le pays.

Le 12ème siècle...

L’hiver de 1119 dessécha le lit des cours d’eau et engendra de nombreuses épidémies. Une grande famine, durant 1195 à 1199 fit périr un grand nombre de personnes. L’hiver de 1236 se signala par son extrême rigueur.

Le 13ème siècle...

Antérieurement à l’an 1282, Bernard DU PLESSIER fondait du côté de la NEUVILLE EN BEINE, une maladrerie ou hôpital des lépreux, sur l’emplacement de laquelle on éleva une croix bien plus tard en en 1770. Cet hôpital appelé la Léproserie de la Neuville était édifié à WATOMPRE. Les établissements religieux ou hospitaliers cités ci-dessous, possèdent des biens ou des droits à UGNY LE GAY.
Le chapitre cathédrale de NOYON possédait le domaine de Watompré dès le 12ème siècle. Et d’autres biens à Ugny pour lesquels le Pape ALEXANDRE III en donna confirmation par bulle. L’abbaye de Genlis y avait des terres et percevait un muid de blé sur des héritages de la comtesse ELISABETH, femme d’AUBERT de HANGEST, seigneur de GENLIS, fondateur de ce lieu (1221).
L’abbaye de SAINT ELOI FONTAINE percevait un surcens des immeubles sis dans le village. Une pièce de terre plantée en bois appartenait aux pauvres d’Abbécourt depuis 1264.

Le 14ème siècle...

Les hivers rigoureux de 1301 et 1325 causèrent une grande misère et de 1361 à 1363, des maladies moissonnaient un grand nombre de personnes de tout âge et de toute conditions, s’ajoutant aux horreurs de l’occupation anglaise qui dura de 1360 à 1370.

Le 15ème siècle...

L’année 1407 fut celle du grand et terrible hiver qui imprima une si profonde épouvante dans les cœurs et dans les souvenirs de nos grands-pères qui, très souvent, au coin de l’âtre, parlaient des misères des temps, de la folie du roi, du meurtre du duc d’Orléans, des malheurs de la FRANCE.
En 1411, depuis la Toussaint jusqu’à Pâques, il n’y eut pas de jour sans pluie. En cette même année, les Bourguignons pillèrent le village. En 1431, dès octobre, il neigeait ou pleuvait jour et nuit et il gela jusqu’en 1432.
En 1471, une grande famine désola la paroisse.
Le 8 février 1481 cessait un froid qui durait depuis le lendemain de Noël ; les vignes furent gelées. La famine, jointe à la rigueur de l’hiver causa une grande mortalité. Cet hiver fut si rude que les personnes âgées disaient « qu’ils n’avaient jamais senti pareil ».

Le 16ème siècle...

Ce siècle fut épouvantable. A la guerre civile, à la guerre étrangère se joignaient des calamités de toutes sortes : pestes, famines, hivers rigoureux, inondations. En 1527, au commencement de juin, la pluie dura pendant sept semaines.
En 1545, la cherté du blé est excessive.
L’hiver de 1564 est extrêmement rigoureux et la disette fort grande en 1592, vu la cherté des vivres.
Le 26 novembre 1598, une donation était faite aux pauvres d’Abbécourt par ISAAC DE SOREL, seigneur du lieu, de dix setiers de terres labourables dans la paroisse.
Comme tous les villages, UGNY LE GAY eut à souffrir de l’armée de Marie d’AUTRICHE, reine de HONGRIE, sœur de Charles QUINT.

Le 17ème siècle...

Un arrêt rendu le 28 août 1600, à l’encontre des officiers de NOYON et en faveur de ceux de CHAUNY, déclare qu’UGNY LE GAY dépend de la juridiction du baillage de CHAUNY.
Le lundi de Pâques 1606, un terrible ouragan dont parle Pierre de l’ETOILE dans son journal, causait des dégâts considérables dans le village.
Jacques de SOREL, chevalier d’UGNY LE GAY comparait le lundi 5 octobre 1609 en l’auditoire royal de CHAUNY, lors de la rédaction et réformation de la coutume de cette ville, à cause de la terre d’UGNY LE GAY.
Le 28 juin 1621, la ville de CHAUNY décidait d’emprunter au seigneur d’UGNY LE GAY 30 mousquets avec bandoulières et fourchettes et 20 piques ferrées.
Les archives départementales de l’AISNE font mention de la perception de la dîme d’UGNY LE GAY en 1630 par le chapitre de NOYON.
Les cordelières de Chauny étaient propriétaires de terres sises à UGNY LE GAY et d’une rente de 15 livres léguée par testament par la dame de SOREL, femme du comte Louis de SAINT SIMON, décédée le 22 août 1635.
En août et septembre 1636, la paroisse fut envahie de pauvres gens qui fuyaient l’ennemi après avoir vu leurs chaumières et leurs récoltes anéanties. En 1637, UGNY LE GAY eut alors à subir de nouveau l’invasion étrangère.
Le 3 avril 1640, un violent tremblement de terre secouait la région.
L’année 1648 fut signalée par la longueur de l’hiver qui dura 5 mois depuis la Toussaint jusqu’en avril 1649. Les neiges furent tellement abondantes qu’on en vit la terre plusieurs fois recouvertes jusqu’à 3 pieds de hauteur.
En juillet 1652, pendant le siège de CHAUNY, les habitants se cachèrent où ils purent, afin de se mettre à l’abri des violences de l’armée espagnole.
Le 21 novembre 1656 était inhumé dans le nouveau cimetière le corps de Marguerite LESCROIS. On lit en marge de l’acte de sépulture :
(du vieux français) «nota que c’est la première qui a été là inhumée au-dit cimetière. Lorsque le curé trassoit icelluy pour le fermer, icelle passant, lui demanda ce qu’il faisoit, il fit réponse que c’estoit un jardin, elle répondit ce que l’on y mettroit. Il luy dit que ce seroit des fleurs et que peut-être elle seroit la première, ce qui termina en raillant : et systot qu’il fut benist, elle y fut plantée la première.»
En 1661 se noyait Pierre FISSEU, habitant de la paroisse.
Le 16 juin 1666 Claude De MAILLY, dame du lieu.
En 1669, une sentence rendue par le bailli de CHAUNY condamnait Marguerite BEAURIN veuve de Martin COUVRET, envers l’abbaye de Saint Eloi Fontaine à 29 années d’aréages d’un surcens de 17 sous sur des immeubles sis à UGNY LE GAY.
La population souffrit cruellement des hivers 1670-1671 et 1676-1677.
Le 15 mai 1681 décédait Marie FORMAIS : «fille en vie de laquelle reluisait un particulier exemple de vertu».
Des gelées intenses faisaient périr des vignes et des châtaigniers en 1684.
En 1692, on ne récolte point de vin et le 18 septembre de cette année, un violent tremblement de terre jeta l’épouvante dans la paroisse. Le blé fut cher en 1693 et 1694.

Le 18ème siècle...

L’été de 1705 fut torride et il y eut un hiver rigoureux de 1709 pendant lequel une famine, augmentée encore par les accaparements des blés porta la misère à son comble. Le 6 janvier de cette année commençait une forte gelée qui continue jusqu’à la fin mars avec des périodes de chutes de neige, de pluies et de grands vents. Les pauvres gens d’UGNY LE GAY durent être secourus pendant une assez longue période.
En 1719, le maître d’école recevait 9 setiers de blé «tant pour l’instruction des pauvres que pour les pauvres femmes veuves qui n’ont aucun moyen de payer».
En 1719, les pauvres de la paroisse jouissaient de 14 setiers de blé et de 2 livres d’argent et possédaient 13 setiers de terres labourables produisant 4 setiers de blé, mesure de CHAUNY. L’hiver de cette année fut très pluvieux ainsi que celui de l’an 1726, ce dernier suivit d’un été très sec qui causa une récolte médiocre en grains.
Pour conserver le souvenir des concessions faites à ses vassaux comme les engagements du tenancier, le seigneur faisait dresser ses terriers c’est-à-dire inscrire sur des registres la description de tous ses droits et redevances réciproques.
La plupart des anciens terriers ont été renouvelés au 16ème siècle. Ils étaient pour les anciens droits de propriété, ce que de nos jours nous appelons le cadastre. Pour les terres abbatiales le même registre portait le nom de «Pouille».
En 1722, eut lieu l’entérinement des lettres du terrier de la seigneurie de GENLIS aux dates de 1738-1752 parmi les déclarations fournies par l es propriétaires détenteurs d’immeubles figurent les pauvres d’UGNY LE GAY. L’hiver de 1740 fut très rigoureux. Il commença à geler très fort en octobre, et il tomba de grandes quantités de neige avant la Toussaint. La récolte se révéla mauvaise en août 1741, d’autant plus que l’été fut très sec. Le 27 novembre 1747, on célébra à UGNY LE GAY, le mariage François Jean De COMBES, chevalier de MONTHERLAND, MONTOISEL et de la VERTEVILLE, fils de Louis Ferdinand De COMBES et d’Elisabeth Antoinette Françoise LEBEL avec Louise Charlotte Gabrielle du THEZAC d’ARMENTIERES, fille de feu Charles de THEZAC et de feu Marguerite de SOREL.
En 1748 décédait à Saint-Quentin, Isaac Louis de SOREL, seigneur d’UGNY LE GAY, époux de Louise Charlotte de BAUDRAN. Un plan et un procès verbal de bornage de la seigneurie furent dressés vers le milieu du 18ème siècle. De 1751 à 1754, les hivers ont été très pluvieux quant à celui de 1752 on signale qu’il a été l’un des plus longs et plus rudes du 18ème siècle. Le froid commença avec beaucoup d’intensité le 25 novembre et continua sans interruption jusqu’au 28 janvier suivant. La terre gela à une grande profondeur, les années 1758 et 1759 furent des années de disette.
Les seigneurs d’UGNY LE GAY possédaient la haute justice, ils recevaient les appels de basse et moyenne justice quand elles étaient exercées par leurs vassaux. L’hiver de 1783-1784, par sa durée et l’abondance des neiges, laissa un douloureux souvenir dans la mémoire des gens. Une terre et un verger, pour lesquels un bail fut établi en 1787, appartenait à la fabrique paroissiale de la NEUVILLE EN BEINE.
Un rôle de répartition de la contribution fut établi en 1788 par l’intendance de SOISSONS.

La révolution Française et le 19ème siècle...

Nous arrivons à la Révolution. Il est juste de dire que les habitants de notre région se montrèrent assez modérés pendant la période révolutionnaire. D’après le plan n°4 adopté le 10 décembre 1789 par la majorité des députés d’ILE DE FRANCE et de PICARDIE, lors de la division de la France en départements, la commune d’UGNY LE GAY se trouvait à la limite du département de l’Aisne. Mais le 17 février 1790 cette limite était reportée définitivement là où elle existe actuellement par les députés du Vermandois et du Soissonnais, en accord avec leurs collègues voisins.
Le mercredi 14 juillet 1790, jour défini par l’Assemblée Nationale, on célébrait la fête de la fédération. Au cours de cette même année fut dressée une liste des donateurs à la contribution patriotique.
En avril 1793, les officiers municipaux conformément à la loi se firent remettre par le curé des registres de l’état civil qui demeurent toujours en la Mairie d’UGNY LE GAY.
Une récolte fort médiocre fut enlevée en partie par les représentants en mission ; la contrée devait au malheur des temps, la ruine de la culture et de la fabrication de lin et de chaume.
Pour l’emprunt forcé de l’an III, fut dressée une liste des contribuables et du montant de leur fortune.
Le 15 brumaire an VI, des commissaires nommés par le conseil municipal de CHAUNY certifiaient que dans l’église d’UGNY LE GAY étaient affichées deux copies du serment de haine à la royauté conformes à ce qui avait été prescrit par l’arrêté du directoire du département du 24 vendémiaire, signées du ministre du culte et du secrétaire de la municipalité.
Le 16 février 1807, la neige tomba avec une telle abondance que toute la circulation fut rendue impossible.
UGNY LE GAY souffrit des invasions de 1814-1815.
En cette même année, Monsieur MAILLARD fut nommé membre de la commission particulière de contrôle du magasin d’approvisionnement installé à CHAUNY lors de l’invasion du territoire par les alliés.
Le 17 mai, un détachement de la troisième colonne du premier corps d’armée russe commandé par le prince CHAKOVSKI, lieutenant général des armées ruses, envahit le village à la tête de 300 hommes et 300 chevaux ; pour le logement de ces troupes, 59 maisons furent réquisitionnées.
Voici un épisode de cette invasion qui nous a été conté dans le village :
«Un officier supérieur des cosaques gravit à cheval les 18 marches du perron du château, enfonça la porte et pénétra de cette façon cavalière dans la salle de réception où se trouvait mademoiselle DESSARTS. Celle-ci, à la vue du cavalier, tomba à la renverse et mourut de peur.»
En août 1815, une partie d’un bataillon du corps d’armée prussienne logea à UGNY LE GAY.
Pendant l’occupation étrangère, Monsieur De MORY de NEUFLIEUX, maire de CHAUNY, pour répondre aux exigences des envahisseurs, sollicita des prêts d’argent au nom de sa commune. Son appel fut entendu à UGNY LE GAY comme on peut s’en assurer par la lettre suivante dont nous donnons le texte : « Je suis trop sensible, Monsieur Le Maire, à la peine qu’éprouve en ce moment votre ville pour ne pas contribuer de tout mon pouvoir à l’en délivrer. J’aurais bien voulu le faire plus amplement mais il y a longtemps que je ne retire rien ni de mes fermiers ni de mes bois, je vous avoue donc que c’est en me gênant beaucoup que je vous fait l’avance de 1000 francs que je vous envoie. Puissent-ils vous aider à vous mettre à couvert des terribles menaces que l’on vous a faites. C’est mon voeux, recevez en l’assurance ainsi que de ma parfaite considération. Ugny Le Gay, le 5 juillet 1815. Signé : DECOMBES. » La garde nationale d’UGNY LE GAY dépendait du bataillon de VILLEQUIER-AUMONT. L’hiver 1830-1831 fut très rigoureux, l’été de 1833 très sec. Les mauvaises récoltes des années 1847, 1853 et 1856 provoquèrent la hausse du prix du blé et le prix du pain subit une forte hausse pendant le rude hiver de 1854.
Charles François Henri De REGNIER, né le 24 janvier 1789, inspecteur des douanes, habita UGNY LE GAY en 1841.
Monsieur CORDIER, demeurant à UGNY était chef de la garde nationale de GENLIS en 1850.
A cette époque les registres d’état civil de la commune étaient déposés au greffe du tribunal de Laon pour irrégularités.
L’hiver rigoureux de 1870-1871 ajoute à la tristesse de l’invasion. La contribution imposée par les allemands à la commune d’UGNY LE GAY s’éleva à 18 030 francs pour l’année 1870 et 27 060 francs pour l’année suivante, les réquisitions à 6 218 francs.
La sécheresse fut grande en 1874 et l’hiver de 1879-1880 l’un des plus rudes du siècle.
Celui de 1890-1891 fut caractérisé par sa précocité et ses nombreux jours de gelée.
En 1896, les mois de septembre et octobre très pluvieux suivirent un été très sec.

Le 20ème siècle et la grande guerre...

UGNY LE GAY a été particulièrement éprouvé pendant la grande guerre. Ce petit village occupé par les allemands dès le premier septembre 1914 dut, en effet, subir des réquisitions en nature (chevaux, porcs, pommes de terre, céréales, objets, mobilier, etc...) pour une valeur de 100 000 francs. Les malheureux habitants durent emprunter 60 000 francs aux villes de GUISCARD et de SAINT-QUENTIN, d’octobre 1915 à février 1917. Les allemands exigèrent encore, de février à septembre 1915, 19 500 francs et ils emprisonnèrent le maire, l’adjoint et un conseil municipal jusqu’à ce qu’ils fussent payés en billets de la Banque de France, et en pièces de cinq francs. Le 20 juin 1915 l’autorité allemande informait la mairie de CHAUNY qu’il y avait 43 prisonniers civils à nourrir venant d’UGNY LE GAY. La commune eut encore à payer 35 077 francs et l’ennemi quitta le village le 19 mars 1919, après avoir détruit les instruments agricoles et les véhicules, mutilé les arbres fruitiers, déporté les jeunes filles en Allemagne et incendié les maisons.
Pendant l’occupation, la population fut ravitaillée par les soins du comité hispano-américain.
UGNY LE GAY fit alors partie du district de SAINT-QUENTIN, de la sous-région de FLAVY-LE-MARTEL.
Après la retraite des allemands, la population était réduite à 150 personnes par l’évacuation de 70 habitants. La commune était administrée par Monsieur Amédé COUTTE, qui eut la tristesse de voir partir sa femme âgée de 59 ans. Là, comme dans toutes les communes où la population était restée, M. ACCAMBRAY, député et M. LEULLIER, préfet pendant leur visite, s’entretinrent avec Monsieur COUTTE de la question alors si urgente et vitale de la reprise agricole. Ce dernier leur indiqua les difficultés : enlèvement du bétail, destruction des instruments agricoles, main d’œuvre réduite. La ferme de Watompré était en partie détruite par un incendie mais la plupart des immeubles étaient intacts, les dégâts que l’on constatait venaient de la déflagration de deux mines puissantes que les allemands avaient fait exploser pour couper les routes et qui, par la projection et la chute des pierres avaient mis à mal les toits du voisinage. Les allemands laissèrent avec une intention criminelle des grenades dans les hangars, dans les greniers et aussitôt leur départ, un enfant de 11 ans, le jeune Léon GUENNE, fut tué par la chute fortuite d’un de ces projectiles.
Mais les allemands déclenchèrent une formidable offensive le 21 mars 1918, et les britanniques qui gardaient le front devant la ligne HINDENBOURG durent reculer et les français vinrent renforcer les lignes lors de la bataille. De violents combats, notamment près du calvaire, furent livrés à UGNY LE GAY par le 4° cuirassiers à pied, le 23 mars, pour arrêter l’ennemi qui marchait sur Amiens et Compiègne.
Ce jour là, le capitaine Baudreuil fut tué à son poste de combat près de l’église. Réoccupé le lendemain 24 par l’ennemi, les troupes de l’armée HUMBERT reprenaient UGNY LE GAY le 6 septembre suivant d’où elles marchèrent par divers chemins sur VILLEQUIER-AUMONT.
Cinq jour après, Monsieur POINCARE, Président de la République, visitait le front de la 3° armée quand, revenant de la route d’UGNY LE GAY à BUCHOIRE, une mine retardée fit explosion à un carrefour quelques minutes avant son passage. l’automobile s’arrêta sur la lèvre de l’entonnoir. A la date du 3 janvier 1919, 25 habitants étaient rentrés dans la commune.
Dans l’état des prêts consentis par la ville de CHAUNY à diverses communes pour les aider dans leurs dépenses de guerre, UGNY LE GAY figure pour 19 500 francs.
La croix de guerre a été décernée à cette commune par arrêté du 22 octobre 1920, qui compte 13 combattants morts aux champs d’honneur et 9 civils décédés victimes de faits de guerre. Elle a reçu un don de 90 000 francs de «Matinée Musical Club de Philadelphie». Trois bienfaitrices américaines ont donné leur nom à trois rues: mesdames ABOTT, THUNDER, WILLARD RODGERS. Un monument élevé à la mémoire des victimes de la guerre a été inauguré fin juillet 1926 en présence de Monsieur ACCAMBRAY, député de l’Aisne et d’un représentant du Préfet.

Liste des Maires de 1800 à nos jours

1813 BERTIN
1814-1821 BOUCHER
1821 LEONARDY
1822-1828 BOUCHER
1828-1833 VERLON
1834-1843 TONELIER
1845-1847 CORDIER
1848-1852 VERLON
1853-1859 COUTTE
1859-1870 CORDIER
1870-1879 BRUCELLE
1919 BONNARD
1938 COUTTE
1939 MENNECART
1944-1957 COUTTE
1957-1977 Georges BOUCHER
1977-1995 Jean MENNECART
1995-2008 Jean-Paul GOYHENECHE
2008-… Sylvie LELONG
Roseline Bonnard